Fidèle à une inspiration toujours nourrie par les éléments naturels, mais pour « dire » des choses essentielles concernant l’humain, le peintre approfondit et décante cette nature, plus apte que jamais à en exploiter les nuances et les mystères. Ses œuvres apparaissent maintes fois comme des voiles déchirés qui révéleraient quelque chose du tumulte du monde (La mort du guerrier, Le fou rire de l’homme du XXe siècle), mais elles surviennent cependant d’une intimité toute personnelle avec l’univers naturel, dès lors riche de métaphores.
Ainsi, lors d’un séjour en Bretagne, se promenant sur la plage de Dinard, le peintre observe les algues qui, dit-il, « présentaient toute une variété de formes, les unes aiguës, les autres tordues », ajoutant : « J’y voyais l’image de l’époque actuelle avec tous ces bruits de guerre, ces mésententes, ces mésintelligences ». Nombre de toiles de l’époque trouvent leur origine dans les découvertes que fait l’artiste lors de ses voyages : l’Espagne et le Portugal en 1968 qui produisent notamment des scènes de Nazaré et ce surprenant Hommage à Gaudi, la Tunisie en 1969 qui engendre des gouaches figuratives ou plus abstraites inspirées par Hammamet et Nabeul (Musique à Hammamet), la côte amalfitaine en 1970 (Nuit à Sorrente), le Grèce et les îles égéennes en 1971 qui suscitent quelques toiles aériennes au graphisme décoratif des plus élégants (Ecriture hellénique, Le Songe d’Apamée), en 1972 la Haute-Savoie et le lac d’Annesy dont les méandres des cours d’eau commandent les inventives variations du Thiou, en 1973 les côtes bretonnes.